Portrait

Date de publication : 21/11/2025

Gastro-entérologue spécialisé en oncologie à l’institut Arnault-Tzanck, le Dr Abakar Mahamat a créé en 2022, avec l’aide de quelques amis, l’Association pour le Développement, l’Entraide et la Solidarité de Zafaya (ADESZ). L’objectif est d’œuvrer en faveur de son village natal touché par une grande pauvreté. L’occasion aussi pour lui de rendre à son pays, le Tchad, un peu de ce qu’il lui a donné. Rencontre avec un personnage altruiste et attachant…

Zafaya est un petit village d’environ 1400 habitant situé à 80 km au nord-est de la capitale du Tchad, N’Djamena. C’est dans cette localité frappée par la pauvreté qu’Abakar Mahamat a vu le jour il y a maintenant 53 ans. Élevé dans une famille très nombreuse en compagnie d’une quinzaine de frères et sœurs (le Tchad est un pays où la polygamie est fréquemment pratiquée), il apprend dès le plus jeune âge la pêche et l’agriculture sur les traces de son père. Mais contrairement à d’autres enfants du village, il a la « chance » de suivre une scolarité, comme le souhaite ardemment son papa. « Mon père n’a pas eu la chance d’aller à l’école et il voulait que ses enfants puissent étudier pour se donner l’opportunité d’avoir un métier, raconte Abakar. À la maison, on pouvait manquer de beaucoup de choses, mais tout était fait pour que l’on puisse étudier. Il nous disait sans cesse que l’école c’est important, qu’elle pourrait être notre salut. »

Même si les cours sont interrompus en 1979 pendant la guerre civile au Tchad, Abakar reprend le chemin de l’école en 1982 et poursuit sa scolarité au collège puis au lycée dans la capitale du pays. « À l’époque, il y avait trois domaines qui m’intéressaient, poursuit-il. Je voulais être soit médecin, soit enseignant, soit pilote. » Finalement, c’est vers la faculté de médecine de N’Djamena que se porte son choix. Dans le cadre de la coopération militaire entre la France et le Tchad, Abakar intègre ensuite l’école de santé militaire de Lyon. Après avoir réussi son concours national de médecine, il se spécialise en gastro-entérologie et oncologie digestive et débarque à Nice, à l’hôpital l’Archet.

« L’école n’avait plus de toit, les enfants faisaient cours sous les arbres ou dans des hangars »

Mais pendant toutes ces années, Abakar n’oublie pas son pays natal et effectue des missions ponctuelles au Tchad. « J’ai toujours ressenti ce besoin de rendre à mon pays un peu de ce qu’il m’a donné, pose calmement le médecin. Ma famille est toujours là-bas et les besoins, aussi bien dans le domaine de la santé que de l’éducation, sont immenses, que ce soit au niveau des infrastructures ou de la formation du personnel. »

Si la vie d’Abakar se construit en France, une partie de son cœur est toujours au Tchad. En 2015, il demande une mise en disponibilité afin de participer à la construction d’un hôpital public à N’Djamena et surtout à la formation de personnels qualifiés. De retour en France, il intègre en 2017 l’institut Arnault Tzanck de Saint-Laurent-du-Var, où il exerce encore aujourd’hui. Mais en 2021, lorsqu’il se rend à Zafaya, c’est le choc : « J’ai été dévasté de voir l’école dans laquelle j’avais étudié complètement détruite, il n’y avait même plus de toit. Les enfants faisaient cours dehors sous les arbres ou dans des hangars. Dans une localité aussi pauvre, lorsque des murs ou des toits s’effondrent par manque d’entretien, il n’y a pas d’argent pour reconstruire. Je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose et c’est un collègue anesthésiste qui m’a donné l’idée de créer une association. » C’est ainsi que naît l’Association pour le Développement, l’Entraide et la Solidarité de Zafaya (ADESZ). Une association qui s’est fixée quatre priorités : l’éducation, la santé, l’agriculture et la question du genre avec le soutien économique aux femmes.

Trois salles de classe créées, un collège en construction

« Zafaya compte 1400 habitants, mais avec les villages environnants, le bassin de population concerné par les infrastructures d’éducation et de santé est d’environ 10 000 personnes, détaille Abakar. Depuis la création de l’association en 2022, nous avons déjà réussi à reconstruire l’école avec la réalisation de trois salles de classe et l’apport de matériel scolaire, de livres et de matériel de soins. Nous devons encore construire des salles supplémentaires car les enfants sont plus d’une centaine dans la seule classe de CP. Nous aimerions aussi construire une salle de lecture et une cantine scolaire, qui n’existent pas actuellement. Nous essayons également d’apporter un soutien financier aux enseignants qui sont presque tous bénévoles. »

Depuis 2024, l’association participe en outre à la reconstruction en dur d’un collège qui s’était effondré, emporté par les grandes inondations ayant touché les régions du Sahel. « Comme la plupart des constructions en terre, le collège a été détruit par les inondations de 2024, explique le médecin. Nous avons donc entrepris de reconstruire des salles de classe mais aussi les locaux administratifs. Tout cela est rendu possible grâce aux dons et à nos partenaires. »

Santé : des besoins en matériel mais aussi en personnels qualifiés

Zafaya dispose également d’un centre de santé tenu par des infirmiers qui soignent les maladies courantes. Mais là aussi, les besoins sont importants en termes de matériel médical et de renfort de personnels qualifiés. « Pour assurer des soins de qualité à la population locale, nous devons rénover les locaux vétustes, probablement reconstruire un nouveau centre et le doter de matériel de soins et de petite chirurgie : c’est une autre priorité de l’association », poursuit Abakar.

Parmi les projets de l’ADESZ figure également un plan de relance de l’agriculture avec la volonté de redonner vie à la coopérative agricole de riz, qui permettrait de garantir la sécurité alimentaire de nombreuses familles et de générer des revenus supplémentaires pour le village. Le volet « soutien économique » concerne enfin les femmes qui souhaitent participer à la vie du village en prenant une plus grande place sociale, par exemple en ouvrant des petits commerces. On le voit, les projets ne manquent pas. « Même s’ils étaient très pauvres, mes parents ont toujours fait en sorte que je reçoive une bonne éducation et que je puisse relever mes défis, conclut Abakar avec émotion. Tout ce que j’ai pu faire et réussir dans ma vie, j’ai envie que d’autres enfants puissent le faire. » Un beau message d’altruisme et de positivité.

Comment aider l’association ?

  • Adhésion
  • Dons financiers
  • Dons de matériel
  • Aide intellectuelle : « Toute idée est bonne à prendre ! »

Contacts :
Site internet : www.adesz.fr
Facebook : ADESZ Association TCHAD
Tél. 06 63 07 66 12
Mail : adeszafaya@gmail.com

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