Située à l’embouchure du Var, la « petite Camargue laurentine » accueille une faune d’une incroyable richesse, composée de plus de 260 espèces d’oiseaux. Ce site classé et protégé, qui fait partie du réseau européen de préservation de la biodiversité Natura 2000, est pourtant le théâtre de trop nombreuses infractions de nature à perturber le biotope. Les contrevenants s’exposent à des sanctions dans la mesure où ces oiseaux bénéficient d’un statut juridique qui en font des oiseaux intégralement protégés.
Du Sterne Pierregarin à la mouette mélanocéphale, en passant par la Rousserole turdoïde, le Petit Gravelot, le Chevalier guignette et bien d’autres espèces encore, ce sont plus de 260 variétés d’oiseaux qui cohabitent à l’embouchure du Var. Une faune tout à fait exceptionnelle dont la présence s’explique en partie par la situation géographique du site. Avec les Alpes d’un côté et la Méditerranée de l’autre, l’embouchure du Var recèle une diversité d’habitats naturels pour ces oiseaux et représente une halte indispensable pour les oiseaux d’eau migrateurs qui s’apprêtent à traverser la Méditerranée ou en reviennent. Une biodiversité rare qu’il est essentiel de préserver.
NATURA 2000, C’EST QUOI ?
C’est ainsi que la « petite Camargue laurentine » a été définie en 2006 comme une zone Natura 2000. Mais que cela signifie-t-il exactement ? Les sites Natura 2000 sont issus d’un réseau européen qui vise à prendre en compte les enjeux de la biodiversité dans les activités humaines. Concrètement, ces sites sont désignés pour protéger un certain nombre d’habitats et d’espèces représentatifs de la biodiversité en Europe. La démarche Natura 2000 privilégie la recherche collective d’une gestion équilibrée et durable des espaces, tout en tenant compte des préoccupations économiques et sociales.
LE CYCLE DE VIE DES OISEAUX PROTÉGÉS PERTURBÉ PAR… LES HUMAINS
Malgré le caractère exceptionnel du site laurentin, des infractions sont régulièrement constatées et perturbent le cycle de vie des différentes espèces protégées. Pour exemple, en 2023, la Ligue pour la Protection des Oiseaux Provence-Alpes-Côte d’Azur (LPO Paca), qui assure un suivi du site avec un naturaliste et organise régulièrement des actions de sensibilisation, a déploré un échec de la reproduction de la colonie de Sternes Pierregarin en raison de dérangement humain. Si l’accès au site est interdit toute l’année, il n’est malheureusement pas rare d’y apercevoir des pêcheurs, des amateurs de photos ou même des propriétaires de chiens effectuer leur promenade. Autant d’activités proscrites et qui nuisent à la quiétude dont ont besoin les oiseaux. Les contrevenants s’exposent pourtant à des sanctions, inscrites dans deux arrêtés préfectoraux de protection du biotope : l’un sur la partie fluviale, l’autre sur la partie maritime. Pour éviter tout malentendu, il faut savoir que, sur cette zone, l’accès au lit du fleuve et à l’embouchure est strictement interdit aux humains et aux animaux de compagnie. Et toute activité y est proscrite. La zone concernée est d’ailleurs matérialisée par des panneaux. Les services de police disposent donc d’un outil juridique pour verbaliser les contrevenants.
LA VILLE MOBILISÉE POUR PROTÉGER LE SITE
La ville de Saint-Laurent-du-Var – également très engagée dans la protection de la zone Natura 2000 et la préservation du biotope – participe activement à la sécurisation du site. La police municipale effectue régulièrement des opérations sur place, y compris la nuit où peuvent sévir les braconniers. Depuis 2023, 21 procédures relatives à la zone Natura 2000 ont été dressées. Plusieurs actions communes, menées avec la DDTM (1), le SMIAGE (2), la gendarmerie maritime et la police nationale ont été mises en oeuvre avec l’objectif de protéger le site et d’appréhender les personnes en infraction. Des interpellations ont notamment été réalisées pour « braconnage ». De plus, la police municipale procède à une surveillance constante du site Natura 2000 grâce à son système de vidéoprotection installé sur l’embouchure du Var et sur la zone de navigation aéroportuaire. Fort heureusement, la grande majorité des locaux et des touristes respectent la réglementation. Il faut dire que le littoral est suffisamment vaste et étendu pour que les humains puissent en profiter tout en respectant les besoins de la faune sauvage. Il s’agit simplement de partager l’espace en bonne intelligence.
(1) DDTM : Direction Départementale des Territoires et de la Mer
(2) SMIAGE : Syndicat Mixte Inondations, Aménagement et Gestion de l’Eau maralpin
* En 2024, la Ville renforce son partenariat avec la LPO via plusieurs opérations de sensibilisation prévues au coeur de l’embouchure du Var, notamment avec les jeunes du CMJ (conseil municipal des jeunes) et leurs parents.
CE QUE DIT LA LOI
• Concernant les oiseaux protégés :
Pour ces oiseaux (poussins et adultes), sont interdits : la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intentionnelle, la naturalisation et, qu’ils soient vivants ou morts : le transport, le colportage, la détention, la mise en vente, la vente ou l’achat.
Pour les oeufs ou les nids, sont interdits : l’enlèvement ou la destruction, ainsi que la destruction, l’altération ou la dégradation de leurs milieux.
Tout responsable d’un tel délit s’expose à une amende pouvant aller jusqu’à 150 000 € et/ou à une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans.
Art. L415-3 du Code de l’environnement
• Concernant le non-respect de l’accès au site protégé :
Est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la quatrième classe le fait de :
– Perturber de manière intentionnelle des espèces animales non domestiques protégées (…)
– Contrevenir aux dispositions des arrêtés préfectoraux pris en application des articles R 411-15 à R 411-17-2 et R 411-17-7 à R 411-17-8.
Art. R415-1 du Code de l’environnement
Pour une contravention de 4e classe, le montant des amendes est le suivant : amende minorée à 90 €, amende forfaitaire à 135 €, amende majorée à 375 € et une amende maximale pouvant atteindre 750 €.