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Tapis rouge pour les 70 ans du Stade Laurentin Judo

Depuis sept décennies, le club de la route des Pugets se construit un palmarès à faire pâlir les grandes écuries françaises. Avec des titres nationaux et internationaux et même une médaille olympique décrochée en 1984 à Los Angeles. Ainsi que des visiteurs de renom de passage dans son antre. Retour sur la belle histoire du judo laurentin.

 

C'est une histoire de famille. Une famille haute en couleur. Qui, entre le blanc et le noir, décline un bel arc-en-ciel de teintes : du jaune, du orange, du vert, du bleu, du marron... Une famille qui affiche ses valeurs - son code moral - sur les murs de son dojo. Une famille dans laquelle le respect n’est pas un vain mot. Il suffit de passer quelques heures au bord du tatami au côté du patriarche José Allari, ceinture rouge et blanche, 8e dan. Et de voir le défilé des jeunes et des moins jeunes pour saluer le maître avant de monter sur la surface jaune et bleue. José, qui avec son frère César, incarne toute l’histoire du judo laurentin. Une histoire qu’il a vécue dès l’origine et dont il garde précieusement au fond de sa mémoire chacun des épisodes marquants. Ces 70 ans du club sont l’occasion d’ouvrir l’album de famille. Et de se laisser conter les exploits laurentins, les anecdotes, se laisser envahir par la belle fraternité qui émane de ce sport, délicieusement mise en musique par les cadres de cette association. Joseph Segura a inauguré officiellement cette journée, entouré de son adjointe à l'éducation Brigitte Lizée-Juan, d'une très grande partie de ses adjoints et conseillers municipaux, ainsi que de Christine Bertoni, déléguée UNICEF représentant Mme Spencer, Jean-Marc Messina-Raccurt, inspecteur de circonscription de l'Éducation Nationale, Françoise Benne, présidente de l'AGASC. Le maire a tenu à saluer le travail et l’investissement de tous les services et partenaires qui ont oeuvré pour le succès de cette journée.

LES DÉBUTS

C’est en 1952 qu’une petite graine de judo est plantée sur les bords du Var. Et c’est le conservateur des eaux et forêts de la région, M. Grandjean, qui, en expert, se charge de cette première pousse. Il est ceinture marron et a la fibre judo. La greffe prend ! Il enrôle dans son groupe de pionniers César Allari, 14 ans à l’époque. José, le petit frère n’a, lui, que 9 ans, et pas encore le droit d’en faire. « Je pratiquais à la récré », rigole le grand gaillard. Quant au premier dojo, c’est l’oncle de la famille Allari, Ferdinand Honorat (une histoire de famille vous disait-on), élu au conseil municipal, qui le dégote. « C’était dans le lieu de stockage des fleurs d’orangers en face de l’église Saint-Joseph », rembobine José. Et la vingtaine de judokas en herbe se tirait alors sur les manches, entourée de belles fragrances d’orange. Moins de deux ans plus tard, la tribu des kimonos blancs, qui s’est renforcée avec José et quelques autres « costauds » laurentins, descend sur la Nationale 7, puis aménage un nouveau dojo rue Desjobert : « C’était du bricolage, on a monté la salle de toutes pièces ». Le judo made in Saint-Laurent commence à se faire un nom. César est ceinture noire et décroche le titre de champion Côte d’Azur et champion de Provence. Et le club obtient même un titre Côte d’Azur par équipe Senior avec José dans les rangs alors qu’il n'a que 13 ans et demi : « Le Prince Rainier nous a remis la coupe au Théâtre des Beaux-Arts de Monaco et c’était retransmis en direct sur TMC ! »

PREMIERS SUCCÈS

César devient l’un des deux premiers judokas de la Côte d’Azur à décrocher une sélection en équipe de France. Le 3e, ce sera... José. Qui suit les traces de son frère jusqu’au Bataillon de Joinville après avoir décroché le titre de vice-champion de France juniors en 1961. Pendant son service militaire, il change de dimension. S’entraine tous les jours avec 5 Japonais. Gagne le 1er tournoi préolympique et finit 5e aux championnats d’Europe 1968. Pour arrondir ses fins de mois, il va même participer à des combats de catch dans les foires. À Saint-Laurent-du-Var, les frangins « travaillent à la campagne », aux côtés des parents qui cultivent des légumes aux Vespins puis des oeillets aux Coteaux fleuris. Et comme l’entraînement de judo n’y suffit pas, ils pratiquent aussi le rugby. Avec la même réussite. « Avec Nice, on est monté d’Honneur à la 1ère division », rappelle José. Avant le coup d’arrêt en 1969 : « Je me blesse aux ligaments croisés. Il fallait m’envoyer me faire opérer à Lyon ». Cela ne se fait pas. Et une autre carrière sportive s’ouvre pour le champion. Celle de passeur de savoirs. Cette année-là, le club a aménagé dans le gymnase Carton (dans l’actuelle salle de musculation) avant d’occuper dans les années 80 l’actuelle salle de lutte.

LA GLOIRE OLYMPIQUE

Car, entretemps, le judo laurentin n’a cessé de grandir. En 1962, César travaille tout l’été sur la plage du Paddock au Cros-de-Cagnes « pour gagner des sous et acheter des tatamis au club de Draguignan qui fermait ». Son but ? Redonner vie au club de M. Grandjean qui avait plié boutique faute de combattants. Le club rouvre rue Notre-Dame, dans un hangar (aujourd’hui transformé en garage automobile). En plus de Saint-Laurent, les deux frères enseignent leur art martial également à Nice : MJC Magnan (César), MJC Pasteur (José) et Judo Club Eléna sur la Californie. Et leurs clubs raflent beaucoup de titres. « Deux fois, la finale des championnats de France Junior par équipe a opposé Saint-Laurent au Judo Club Eléna », se souvient José. Avec les belles générations nées en 1960-61 puis 1966-67. À trois reprises, le journal L’équipe distingue le club laurentin parmi les 180 000 associations sportives françaises. Il faut dire que plusieurs noms ont fait briller les couleurs du club dont Eric Colleuil, vice-champion d’Europe Junior et médaillé au Tournoi de Paris, ou encore Michel Nowak, médaillé de bronze aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984. « On a eu 14 internationaux seniors, appuie encore José Allari. Des judokas formés au club, pas des mecs qu’on achète ! » Un palmarès dans lequel résonnent les noms de Manu Armitano, aujourd’hui 6e dan et directeur technique du club, de Gilles Nahon, plusieurs fois champion de France et qui a pris la suite de José Allari comme responsable du Pôle Espoirs Judo au lycée du Parc Impérial à Nice. Ou encore aujourd’hui de Clémence Eme et Meghan Vo, deux beaux espoirs du judo féminin français.
En 2011, le Stade Laurentin Judo s’installe dans le dojo flambant neuf de la route des Pugets. « La plus belle salle du monde », s’est emballé le maître japonais Isao Okano, champion olympique 1964, lors de sa venue sur les bords du Var. Car la réputation du club et la personnalité rassembleuse de José ont su attirer bien des gloires de la discipline pour des visites qui, elles aussi, ont marqué ces 70 ans d’amour du judo.

 

Des visiteurs de prestige !

Par sa réputation dans tout l’Hexagone et jusque sur les terres originelles du Japon, le Stade Laurentin Judo a attiré sur ses tatamis les plus grands noms de son sport. Des noms livrés à la volée par le maître José Allari : en commençant par la légende Yasuhiro Yamashita, japonais combattant dans la catégorie des lourds et des toutes catégories et qui est resté invaincu plus de neuf ans (1977- 1985), détenant toujours le record d’invincibilité pour un judoka chez les lourds (203 victoires consécutives). Il a fait l’honneur d’un passage dans le dojo laurentin, tout comme, dans la même catégorie, David Douillet et Teddy Riner. Mais aussi, Lucie Décosse, Thierry Rey, Angelo Parisi, Jean-Paul Coche, Marc Alexandre, Larbi Benboudaoud, Marcel Pietri et bien d’autres...

  • Titre: Tapis rouge pour les 70 ans du Stade Laurentin Judo
  • Date de publication: 23 jan. 2023
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