Articles

André Manoukian ouvre brillamment la saison culturelle

Conviés au lancement de la saison culturelle au parc Layet, les Laurentins ont pu constater la qualité de la programmation concoctée par la commune jusqu’en juin 2018. La Culture se déploiera sous toutes ses formes, à la fois innovante, originale, audacieuse et généreuse. Théâtre, Musique et Littérature occuperont le devant de la scène Laurentine, entre rendez-vous incontournables, à l’instar par exemple du Mai des Arts et du Festival de la Parole et du Livre, et nouveautés, au premier rang desquelles le Festival du Polar en avril 2018.

Joseph Segura, maire de Saint-Laurent-du-Var, a inauguré le lancement, accompagné notamment de Nathalie Franquelin, adjointe à la Culture, Lydie Casara, directrice générale déléguée au pôle qualité des services, Jean-Paul Alimi, directeur du Conservatoire municipal, et Jean-Louis Châles, directeur du Théâtre Georges Brassens.

 

« Nous avons travaillé sur cette saison culturelle en bousculant les idées reçues, en créant des passerelles pour élargir le champ des possibles. Il y en aura pour tous les goûts et tous les publics » a souligné Monsieur le Maire.

 

Plusieurs invités de prestige ponctueront également cette saison culturelle, dont Francis Huster et Jean-Jacques Milteau. Pour le lancement, la commune a vu grand en invitant André Manoukian, pianiste émérite, connu aussi pour sa partipation en tant que juré dans l’émission Nouvelle Star, à se produire en concert. Un moment de musique exceptionnel qui aura séduit un large public.

Avant qu’il ne monte sur scène, André Manoukian a bien voulu répondre à nos questions.

Connaissez-vous la région, y avez-vous un attachement particulier ?

C’est drôle, on me pose souvent la question de savoir pourquoi je suis de passage dans telle ou telle ville, et je réponds qu’on m’y a simplement invité. Là, votre question a du sens. Ma mère est née à Cannes-la-Bocca, mon père à Nice, c’est donc une région qui m’est chère naturellement.  

Comment décririez-vous votre amour pour le jazz ? Dans quelle mesure acceptez-vous de vous y abandonner ?

J’ai fait du classique, dès l’âge de 6 ans. J’aimais bien jouer ce qui passait à la radio, j’avais les partitions, j’exerçais mon oreille. Quand j’ai eu 12 ans, j’ai entendu mon premier album de jazz, c’était Fats Waller, et je me souviens de l’émotion que cela m’a procuré, j’avais l’impression d’entendre du Jean-Sébastien Bach avec du rythme. J’ai toujours considéré le jazz comme l’aboutissement de la musique classique. C’est la musique de la liberté.

Eprouvez-vous le même plaisir à jouer qu’à écouter de la Musique ? Quelle différence faites-vous entre les deux ?

Ce sont des plaisirs différents et en même temps pas tellement. Quand on joue, il faut être à l’écoute. De temps en temps, quand j’entends un trait de piano fulgurant, j’ai besoin d’aller à mon piano pour le relever. Quand on écoute, cela nous paraît inacessible. C’est le travail du jazzman de se réapproprier ce qu’il entend. L’inverse est aussi vrai, il m’arrive de jouer et de prendre conscience de la magie du moment. Je donne souvent cette métaphore du ski "Avant de se lancer en free-style, il faut faire beaucoup de piquets". C’est la même chose avec le jazz, il faut connaître toutes ses gammes, dans toutes ses tonalités, et après, l’important est de désapprendre pour retrouver une forme d’innocence, en gardant les acquis bien sûr.

On vous sait l’âme philosophe et le goût des métaphores. La Musique a-t-elle besoin d’être racontée pour livrer tous ses secrets ?   

La Musique n’a pas besoin d’être racontée mais ressentie. Quand je me suis retrouvé dans les médias, j’avais envie de partager, non pas par souci pédagogique, mais parce que je le vis. Quand on parle de ce qu’on aime avec sincérité, ça touche les gens. Le jazz est une musique d’initié, qui mérite qu’on vous prenne un peu par la main. Si la parole peut donner des codes, alors j’en suis le premier heureux.

Quelle anecdote croustillante ou expérience marquante pourriez-vous nous dévoiler ?

Je me souviens, pour payer mes études à la Berklee School of Music, je vendais des orgues dans un magasin à Lyon, et un jour, il y avait un grand pianiste de jazz, lyonnais, qui voulait savoir comment les orgues sonnaient. On était deux, avec un autre vendeur, on lui a tous les deux montré comment ça marchait, puis le pianiste est sorti. Deux secondes après, il revenu dans le magasin et m’a dit « Toi, tu feras une carrière, l’autre non ». Tout à coup, j’avais reçu un compliment de quelqu’un que j’admirais. C’est le genre de phrase qui vous marque, c’était drôle.

Si l’on vous donnait la possibilité de vivre une journée dans la peau d’un(e) autre artiste, qui choisiriez-vous ?

J’aurai bien aimé être dans la tête de Baudelaire quand il a fait « Les Fleurs du mal ». Certes, il y aurait eu beaucoup de souffrance, et l’obligation d’aller dans les bordels, et attraper des maladies vénériennes, mais quand même, quand on voit la force de ses mots, cela m’aurait bien plu.

Quels futurs projets vous attendent, à la radio, à la télévision ou ailleurs ? 

Je vais sortir un album en novembre, qui va s’appeler « Apatride », avec des musiciens qui viennent d’un peu partout, autour des musiques arméniennes, celles de mes ancêtres, et cela se marrie tellement bien au jazz que je me suis régalé. Aussi beaucoup de concerts, notamment au Trianon à Paris le 29 janvier 2018, et sinon toujours sur France Inter.

  • Titre: André Manoukian ouvre brillamment la saison culturelle
  • Date de publication: 22 sep. 2017
Top