La plage sans tabac fait des émules

Les doigts de pied en éventail sur la plage familiale des Flots Bleus, à Saint-Laurent-du-Var, à quelques pas du centre commercial Cap 3000, Eric est, soudain, en manque de nicotine. Mais pour s’en griller une, ce touriste doit faire une centaine de pas sous le cagnard, rejoindre la partie qui fait office de frontière entre la zone non-fumeurs et la zone fumeurs. « Cela ne me dérange pas. Et puis ça me permet de réduire ma consommation : on est bien, quand même, sur la serviette ! » confie-t-il tout en gardant une vue panoramique sur la mer.

Bienvenue sur la première plage sans Tabac laurentine, labellisée ainsi depuis le 31 mai. Ces étendues de sable sans fumées nocives font de plus en plus partie du décor des grandes vacances. L’an dernier, Villeneuve-Loubet a ainsi banni la clope. Et bien avant Nice, précurseur en la matière. Les non-fumeurs applaudissent. « Il n’y a rien de plus désagréable que de tomber sur un mégot quand je dispose ma serviette », lâche Marie-Josée entre deux parties de bataille avec ses petits-enfants. « Des châteaux de sable sans mégot, c’est quand même mieux pour les gamins », s’enthousiasment Valérie et Nicolas, un couple de Belges parents de deux enfants de 4 et 5 ans venus se balader à Cap 3000 avant de se poser sur la plage. Pour Christiane, à la retraite, il faudrait « généraliser la mesure à toutes les plages de Saint-Laurent-du-Var ». «Les gens ne réalisent pas l’argent que ça coûte de tout nettoyer », martèle-t-elle. Sans pour autant dénigrer l’initiative, Monique estime, elle, que « ce n’est pas la priorité ». « On n’est pas enfumés, faut pas pousser, quand même ! La municipalité ferait mieux de s’attaquer au bruit la nuit. C’est de la folie, ces jeunes ivres morts qui hurlent à 2 heures du matin ! » [ c’est fait, Joseph Segura, le maire, a pris un arrêté anti-chicha et un arrêté anti regroupement ] maugrée- t-elle avant de reprendre sa séance de mots fléchés et de remercier le maire pour cette initiative.

En creusant bien, il arrive que l’on tombe sur quelques mégots, souvenirs du passé mais preuves aussi de relâchements exceptionnels en journée. Il n’empêche, la plupart des accros à la cigarette se plient à la nouvelle règle. A l’instar de Tom, un touriste anglais. « Il y a des cendriers, un panneau d’indication, une zone réservée aux fumeurs… C’est bien fait, on n’a pas ça devant mon pub ! » sourit-il. « Pour la propreté, c’est une bonne idée. » Les fraudeurs risquent une amende de première classe, c’est-à-dire de 38 €. « Pour l’heure, ça se passe plutôt bien, on n’a pas verbalisé, mais ça pourrait venir s’il y a des récalcitrants », prévient Olivier Cases, chef de la police municipale.