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Rendre plus belle la vie des tout-petits

LES 1 000 PREMIERS JOURS UN DÉFI COLLECTIF

Selon les neurosciences, la période des mille premiers jours d’une vie, la toute petite enfance, est un moment crucial qui impacte sur tout le développement à venir d’un individu, tant au point de vue intellectuel qu’affectif et social. Les parents, en première ligne, se lancent dans l’aventure de la parentalité sans forcément y être préparés alors que leur rôle s’avère crucial et exigeant. Il est important de les accompagner… De nombreuses villes comme Saint-Laurent-du-Var sont engagées, mais est-ce suffisant ?

Trouver la bonne voie qui permette aux parents, les premiers éducateurs, de pourvoir aux besoins fondamentaux de leurs tout-petits afin qu’ils puissent s’épanouir plus tard en tant que citoyens.

Les mille premiers jours, à savoir de la conception aux deux ans… On en parle vraiment en France, depuis que le Gouvernement a mis en place en 2020 une « commission des mille jours » présidée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik. Car il est parmi ceux qui ont popularisé le concept de « biologie de l’attachement » inspiré par les découvertes en neurosciences autour du développement du petit enfant. « Les bébés, dès la naissance, reconnaissent la voix de leur mère, ainsi que les sons perçus lors de la grossesse, comme de la musique, et ils sont plus généralement déjà réceptifs et sensibles à l’amour et la sécurité qu’on leur porte, c’est même fondateur de tout leur développement à venir », explique-t-il.

QUESTION DE CERVEAU
En effet, les neurosciences enseignent aujourd’hui que le cerveau de l’enfant se construit dans les toutes premières années de sa vie et à une vitesse fulgurante ! D’après les recherches menées par le Centre de développement de l’enfant de l’Université d’Harvard, un cerveau peut former plus d’un million de connexions neuronales par seconde dans la petite enfance, un rythme qui n’est jamais plus égalé dans le restant de l’existence.

Et pour que cela fonctionne bien et sainement, pour que ce développement cérébral se fasse de façon saine, un enfant a besoin de «(bien) manger, d’être aimé (protégé) et de jouer (d’être stimulé)» résume simplement un rapport de l’Unesco. Cela paraît simple et pourtant…

À ce compte, on entrevoit que les conditions dans lesquelles naît un enfant (pauvreté, guerre, conflits familiaux, éloignements parentaux…) et la résilience dont il fera preuve impactent considérablement sur son développement et sa vie future…

CHARGE MENTALE ?
Et aussi, grosse pression pour les parents, se dit-on, pendant ces mille premiers jours ! Cependant, il ne s’agit pas de les culpabiliser, de les empêcher de « couper le cordon » après leurs congés maternité et/ou parentaux… Mais plutôt de mieux comprendre à l’échelle individuelle mais aussi collective comment concourir au bien-être et à l’épanouissement des petits enfants à l’échelle de toute une ville.

« Les parents et les tout-petits ont besoin d’aménagements urbains adaptés et sécurisants »

Ce qui est en jeu, c’est tout autant ce qui se passe dans l’intimité du cocon familial, que dans les établissements accueillant les jeunes enfants (crèches, jardins d’enfants, lieux de soutien à la parentalité…) que dans tout l’espace public. Pour se sentir épanouis dans leur ville, les parents et les tout-petits ont besoin certes d’accueils de qualité publics et privés, individuels et collectifs, mais aussi d’aménagements urbains adaptés et sécurisants (espaces verts et jardins, aires de jeux), d’équipements culturels (animathèque, conservatoire…) proposant une offre spécifique à l’attention des tout-petits mais aussi de pédiatres, de pharmacies, de commerces pertinents… Par ailleurs, si les trois premières années de la vie ont une telle importance dans la construction du citoyen de demain, elles ne relèvent pas seulement de la responsabilité individuelle, elles invitent aussi à l’engagement des pouvoirs publics.

Or si la politique de la famille en France a déjà une riche histoire depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il semble que celle de la petite enfance n’ait pas encore bien progressé à l’échelle nationale…

Le rapport de la Commission des 1000 jours est d’ailleurs le premier document français traduisant la volonté gouvernementale de mieux penser, accompagner et encadrer la petite enfance. Les conclusions de la commission des 1 000 jours étaient les suivantes : mieux soutenir les parents en aménageant mieux les congés parentaux et l’accompagnement personnalisé jusqu’à deux ans, déployer les « maisons des mille jours », construire des crèches et déployer des outils d’aide à la parentalité pour permettre aux parents de pouvoir concilier vie personnelle et professionnelle.

RECHERCHE… AMI(E)S DES TOUT-PETITS
À ce jour, quelques mesures ont été prises suite à ce rapport. L’entrée à l’école est devenue obligatoire dès trois ans, le congé paternité a été porté à 28 jours au lieu de 14… et un site et une application mobile riches en informations ont été créés. Cependant, encore aujourd’hui en France, la période pré-scolaire reste un angle mort. L’État finance une partie du coût de la garde individuelle (assistante maternelle, auxiliaire parentale) ou collective (crèche, jardin d’enfants…) et investit ainsi près de 15 milliards d’euros par an. Mais il semble que cela soit encore trop peu au regard des besoins en la matière. Selon Floran de Bodman, auteur d’une note pour le Think Tank Terra Nova sur la petite enfance, il faudrait 200 000 places supplémentaires en crèches d’ici dix ans en France.

Et pour justement offrir aux enfants plus qu’une place dans un établissement d’accueil du jeune enfant, mais aussi toute l’attention, tout l’accompagnement spécifique dont ils ont besoin quand ils ne sont pas avec leurs parents, il faudrait aujourd’hui revaloriser la filière formation des métiers de la petite enfance. Car l’ensemble des structures petite enfance en France relate de façon unanime la pénurie de personnels dans les crèches. 8 900 postes auprès des enfants (auxiliaires de puériculture, éducateurs de jeunes enfants…) étaient déclarés vacants ou non remplacés au 1er avril 2022. Un problème qui pourrait s’accentuer d’ici 2030 avec les vagues de départ en retraite notamment chez les assistantes maternelles.

Or, comme l’a dit le prix Nobel d’économie américain, James Heckman « une puéricultrice a plus d’impact social qu’un professeur d’université ».

Ce dernier a aussi démontré qu’un Dollar investi dans la petite enfance permettait d’en économiser plus de six ou sept, dix ou vingt ans plus tard, dans la lutte contre l’échec scolaire, les plans de requalification professionnelle et les prestations sociales… Toujours est-il que la France aujourd’hui n’est qu’au 14e rang des pays où il fait bon vivre avec son tout-petit. Dans le top 10, figurent les habituels bons élèves scandinaves mais pas seulement… Au Danemark, comme en Suède mais aussi en République Tchèque, seul 1 parent sur 100 rencontre un problème de mode de garde. Rappelons qu’en Norvège par exemple, les parents peuvent se partager leurs semaines de congés parentaux et choisir d’être rémunérés à 100 % pendant 49 semaines ou 80 % pendant 59 semaines. La Corée du Sud pour sa part accueille en moyenne 65 % de ses bébés dans des structures d’accueil collectifs et l’Allemagne, 39 %. En France, seulement 5 % des enfants les plus pauvres et 22 % des plus aisés ont une place en crèche…

LES VILLES EN SECONDE LIGNE
Ça fait réfléchir… et de nombreuses communes, associations et mécènes privés le font depuis longtemps ! En France, la construction et le fonctionnement des crèches sont encore très généralement pris en charge par les communes pour ce qui n’est pourtant pas une compétence obligatoire. Elle bénéficie du concours de la CAF via plusieurs subventions et fonds d’investissement.

Pour sa part, la Municipalité de Saint-Laurent-du-Var a depuis longtemps pris en compte l’importance de la prise en charge de la petite enfance. « Nous développons depuis plusieurs années une politique très volontariste pour soutenir les familles laurentines tant par une offre d’accueil collectif riche et adaptée que dans l’accompagnement des modes de garde individuels et l’aide à la parentalité… », explique Marcel Vaïani, adjoint à la petite enfance. Il y a aussi ici ces petits plus, tournés autour du bien-être et du bon développement des tout-petits, qui érigent certaines villes comme Saint-Laurent-du-Var au rang de « Ville amie des enfants ».

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« AU FIL DE LA FAMILLE » UN LIEU POUR TISSER TOUJOURS PLUS DE LIENS AVEC LES LAURENTINS

Depuis le début du mois d’octobre, les principales missions Petite Enfance de la Ville ont été regroupées en un même lieu, baptisé « Au fil de la famille ». Située 39 rue des écoles, cette maison est le cœur battant des actions de soutien à la parentalité.

C’est une charmante maison jaune pâle aux volets blancs nichée dans un lieu stratégique : la rue des écoles. Une rue toute proche du coeur de ville et empruntée chaque jour par nombre de familles. C’est ici que la Municipalité, sous l’impulsion du maire Joseph Segura, a entrepris de rassembler ses principales activités concernant la Petite enfance. L’objectif : faciliter toujours davantage la vie des administrés, leur éviter de courir de droite et de gauche pour dénicher l’information dont ils ont besoin.

Et créer une dynamique et des échanges entre partenaires jusque-là répartis dans la ville. « Cette maison accueillait initialement les assistantes maternelles de la crèche familiale. Avec l’ouverture du groupe Gabriel Ferrer, la crèche familiale a déménagé pour s’y installer, libérant un espace dans cette maison. Nous avons alors initié l’idée d’implanter dans ce lieu un guichet unique pour tout ce qui touche à la parentalité », rembobine Marcel Vaïani, adjoint au maire chargé de la Petite Enfance. Ainsi, depuis début octobre, le Relais Petite enfance, le Lieu d’Accueil Enfants-Parents et le Point Accueil Ecoute Jeunes (lire encadré) ont une adresse commune.

« Nous voulions créer un lieu remarquable par tous les Laurentins répondant aux différentes problématiques rencontrées par les familles », précise Gaëlle Thélet, directrice Petite Enfance à la Ville.

Cette Maison tisse des liens. Des liens entre les professionnel(le)s qui y travaillent, des liens avec les familles, des liens entre les familles. Répartis sur deux niveaux, les espaces rénovés de la bâtisse ont été pensés pour correspondre au mieux aux dispositifs proposés. Ainsi, au rez-de-chaussée, outre l’accueil et une petite tisanerie destinée à offrir thé ou café aux personnes poussant la porte de l’établissement, on trouve une grande salle principale pour la réception (le lundi, mardi et jeudi matin) des assistantes maternelles et des enfants. Une autre salle d’inspiration Snoezelen (peinte en blanc du sol au plafond, musique et lumières douces) est destinée au « Pôle accueil Spécifique ». Un lieu consacré aux enfants porteurs de handicap et notamment de troubles autistiques.

À l’étage, les animatrices du Relais Petite Enfance ont leur bureau, tandis qu’un autre espace est dédié au Point Accueil Ecoute Jeune animé par l’association ARPAS (pour les jeunes de 11 à 25 ans). Enfin, une salle de réunion multi-usages complète l’aménagement intérieur de la Maison de la famille laurentine.

À l’extérieur, une terrasse et un espace équipé de jeux permettent aux familles et aux enfants de profiter autrement de ce lieu. D’autant qu’un petit potager a également été installé dans le jardin par le service Espaces Verts de la Ville. « Cette Maison, c’est l’accomplissement d’un vrai travail partenarial », conclut Gaëlle Thélet. Des partenariats entre les services de la Ville, mais également des partenariats extérieurs qui se sont renforcés et étoffés avec les différents acteurs de la Petite Enfance sur le territoire, que ce soit la Caisse d’Allocations Familiales, la Protection Maternelle Infantile ou encore des associations comme l’ARPAS.

Renseignements
Toutes les informations sur cette Maison à retrouver sur le site de la ville de Saint-Laurent-du-Var, rubrique Petite Enfance 
https://saintlaurentduvar.fr/vos-services/petite-enfance

 

  • LE RELAIS PETITE ENFANCE

Lieu d’information, d’échange et de partage autour de l’enfant, le Relais Petite Enfance est destiné aux parents, aux professionnel(le)s de l’accueil individuel et aux candidats à l’agrément d’assistant maternel et aux partenaires de la petite enfance. Sa mission : faciliter les rencontres entre les familles et les professionnels pour le bien-être des plus jeunes.

S’y tiennent :
- des regroupements d’assistantes maternelles privées et leurs enfants (les lundis, mardis et jeudis matins) ;
- des réunions d’informations sur les modes d’accueil et le métier d’assistante maternelle (délocalisées en salle Ferrière car plus spacieux) ;
- des permanences d’informations aux familles concernant les inscriptions dans les crèches, la contractualisation avec les assistantes maternelles ou l’accès au métier d’assistante maternelle.

  • LE LIEU D’ACCUEIL ENFANTS PARENTS

Il accueille sans inscription et gratuitement des jeunes enfants de moins de 4 ans accompagnés d’un parent ou grand-parent.

C’est un espace de jeu et de discussion, un lieu de rencontre pour les enfants comme pour les parents. Ces échanges se déroulent en présence de professionnel(le)s de la petite enfance qui, par leurs observations et leur écoute, peuvent amener parents et enfants vers la résolution de situations difficiles. « Il permet, notamment, de rompre l’isolement des familles », précise la directrice Petite Enfance de la Ville, Gaëlle Thélet.

Limité à 10 "couples” (parent-enfant), ce temps de partage se déroule dans la Maison « Au fil de la famille » les mercredis et vendredis matins.

  • LE POINT ACCUEIL ÉCOUTE JEUNES

Animé par des psychologues de l’association ARPAS (Association Régionale pour la Promotion des Actions de Santé), le Point Accueil Écoute Jeunes est un lieu d’écoute, d’accompagnement et d’orientation pour les jeunes âgés de 11 à 25 ans seuls et/ou avec leurs parents. Lors des 3 permanences hebdomadaires (mardi, mercredi et vendredi après-midi), les professionnels, sur rendez-vous, abordent tous les domaines de cette catégorie d’âge (protection de l’enfance, prévention de santé, médiation familiale, décrochage scolaire...).

  • MAIS AUSSI...

- Le Pôle Accueil Spécifique vise à accueillir les enfants de 0 à 11 ans ayant une particularité. Il œuvre à compenser les difficultés liées au handicap et favorise l’accès aux structures ordinaires.

L’objectif est d’offrir un accompagnement personnalisé afin de permettre à l’enfant de développer ses compétences sociales, affectives et cognitives, d’être valorisé dans ses potentialités.

Mais aussi de soutenir les familles dans leurs préoccupations spécifiques...

- En projets : « On va organiser dans cette maison des "cafés des parents” qui se dérouleront probablement à l’heure de sortie des écoles », détaille Gaëlle Thélet. « Il y aura également des actions de soutien aux femmes victimes de violences ». Ainsi que des temps pédagogiques orchestrés autour du développement durable, en profitant de l’espace extérieur végétalisé.

 

L’ACTU DE LA PETITE ENFANCE EN BREF

PÔLE HANDICAP
Le service Petite Enfance de la Ville met en place des actions de médiation animale (« avec de petits animaux comme des lapins, des hamsters » précise Gaëlle Thélet) à destination des enfants à besoins spécifiques accueillis au sein des Établissements d’Accueil de Jeunes Enfants ainsi que des séances de Qi Gong pour les enfants scolarisés.

Par ailleurs, la Ville renouvellera en 2024 sa manifestation qui a connu un beau succès l’an dernier à l’occasion de la Journée de sensibilisation à l’autisme. Activités ludiques, ateliers sportifs, informations et échanges sont programmés pour le 7 avril prochain.

Enfin, le référent Santé Accueil Inclusif met en place des réunions thématiques à destination des usagers. La première rencontre, en décembre dernier, avait pour thème « Moins d’écrans, plus d’interactions ».

« P@RENTS, PARLONS NUMÉRIQUE »
Dans le cadre de l’action de la Caisse d’Allocations Familiales « Promeneurs du net – parentalité », la ville met en place une action de soutien à la parentalité en mettant à disposition des familles des articles de presse dont l’intérêt et la qualité ont été vérifiés par une professionnelle du secteur. Une action en lien avec la labellisation de la commune « P@rents, parlons numérique ».

SOUTIEN AUX FAMILLES
Le Programme de Soutien aux Familles et Parentalité (PSFP), qui se tient à l’école de la Gare, a repris début décembre. C’est un programme de 12 séances destiné aux familles rencontrant des difficultés de parentalité et animé par des professionnelles de la Petite Enfance (lire le Bulletin municipal de janvier 2023).

POUR LES AGENTS
Une journée de cohésion des agents de la Petite Enfance (personnels des crèches, du Relais, du Pôle Accueil spécifique) sera organisée le 3 juin prochain. « On va parler de neurosciences, détaille la directrice du service. Le matin, il y aura l’intervention d’une spécialiste et, l’après-midi, les agents seront répartis en ateliers ».

Par ailleurs, quatre fois par an, sont mis en œuvre des temps d’analyse de pratiques professionnelles pour les managers des Établissements d’Accueil de Jeunes Enfants.

2024, ANNÉE ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
« Nous voulons orienter les actions de l’année 2024 sur l’éveil artistique dans les crèches », relève encore Gaëlle Thélet. D’ailleurs, la Ville a soumis à la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) par l’intermédiaire de Léa Galano, directrice des affaires culturelles, un projet d’accueil de résidence d’artiste au sein du groupe scolaire Gabriel Ferrer (qui accueille l’école maternelle et la crèche « Les P’tits Gaby »).

Sans oublier les nombreuses initiatives au sein des établissements. Comme le projet intergénérationnel aux Lutins autour du livre, du jardinage et de la peinture, l’intervention de bénévoles à Lou Nistou dans le cadre d’un projet lecture, la babygym au centre des Gueyeurs, ...

  • Titre: Rendre plus belle la vie des tout-petits
  • Date de publication: 08 fév. 2024
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