Saint-Laurent-du-Var s'attaque aux dangereuses chenilles processionnaires

David Vincent ne les a pas vues. Nous, oui. Les chenilles processionnaires, nuisibles envahisseurs, sont déjà de sortie. Plus les hivers sont doux, plus leur déambulation en file indienne, qui débute aux beaux jours, est précoce.

"La chenille processionnaire a fortement profité de l’enrésinement (la plantation de résineux, Ndlr) de nos forêts et du réchauffement climatique", note Amine Filitti, ornithologue à la Ligue pour la protection des oiseaux. "Au fil des ans, elle progresse vers le nord au point qu’on en trouve jusqu’en région parisienne."

Papillon de nuit, la processionnaire du pin a vu sa population croître depuis que la loi Grenelle2 de 2010 a interdit les traitements aériens. Depuis le 1er janvier 2016, seul peut être autorisé "l’épandage de produits phytosanitaires en cas de danger sanitaire grave au titre de la santé des végétaux qui ne peut être maîtrisé par d’autres moyens; et la chenille processionnaire ne fait pas partie de  ces dangers sanitaires", précise la préfecture.

En attendant que se déploient des nouveaux systèmes de traitement ciblés par drone, la processionnaire continue à faire des dégâts…

À commencer sur les arbres sur lesquels elle installe ses nids. "Avant de descendre le long du tronc en procession, les chenilles vont s’alimenter avec la sève du pin, ce qui va fortement l’affaiblir", note un pépiniériste. Les premières larves se nourrissent des aiguilles, qui changent de couleur et tombent. "Les branches noircissent, touchées par un champignon déposé par le nid, et quand la cellulose et la chlorophylle des arbres sont trop attaquées, ils en meurent et menacent de tomber".

Danielle Hebert, en charge des espaces verts, insiste sur la dangerosité du parasite. « La processionnaire du pin représente non seulement un risque sanitaire pour la biodiversité mais également pour les humains et les animaux. Les enfants sont particulièrement exposés. Les animaux et les enfants sont les principales autres victimes de ce nuisible saisonnier. Érythèmes, démangeaisons, oedèmes… Les lésions, impressionnantes, doivent être traitées en urgence, particulièrement quand les yeux ou la bouche sont touchés, avec un risque de détresse respiratoire."

Pas question de se débarrasser d’une procession à la main ou avec un coup de balai sous peine de disperser les poils. "Si vous en croisez, le mieux reste encore de les brûler", conseille une vétérinaire.

La municipalité a mis en place, l’année dernière, un arrêté portant sur la lutte contre les chenilles processionnaires afin de redoubler son action de sensibilisation auprès des laurentins. Cette mesure incite plus fermement les propriétaires ou locataires de biens immobiliers à surveiller la présence éventuelle du nuisible dans leurs végétaux et à procéder le cas échéant à sa neutralisation, de façon à éviter toute prolifération. En cas de non-application des prescriptions du présent arrêté, une verbalisation sera effectuée par l’autorité judiciaire responsable pour pénaliser le ou les contrevenants. 

" Cet arrêté va permettre de responsabiliser davantage les habitants et d’intervenir plus spécifiquement sur l’espace privatif », explique Joseph Segura, maire de Saint-Laurent-du-Var.

Un des moyens à mettre en œuvre parmi les quatre efficaces est « la lutte biologique » qui consiste chaque année, entre mi-septembre et mi-novembre, à un traitement annuel préventif de la formation de cocons sur les végétaux susceptibles d’être colonisés par les chenilles.

D’autres solutions sont à considérer, à savoir la « lutte mécanique », qui consiste à incinérer les cocons après les avoir retiré manuellement avec l’équipement nécessaire (gants, masques, lunettes, manches longues). Une pratique à favoriser avant la mi-octobre selon les variations du climat, quand les nids élaborés par les chenilles sont visibles et encore peu importants ou urticants.

Vous trouverez ci-dessous une plaquette d’information réalisée en collaboration avec l’INRA et en lien avec l’Association des maires des communes rurales des Alpes-Maritimes. Vous trouverez également le fichier de l’arrêté municipal.